Chapitre d'ouvrage scientifique
Les juifs dans le Var (1940-1944)
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Auteur(s) Guillon Jean-Marie
Année de publication 2007
Ouvrage de référence Provence-Auschwitz. De l’internement des étrangers à la déportation des juifs 1939-1944
Auteur(s) de l'ouvrage Robert Mencherini
Editeur Publications de l'Université de Provence
Lieu d'édition Aix-en-Provence
Langue français
Pagination 205-220
Nombre de pages 320
Mots clés en français Var, guerre 1939-1945, juifs, régime de Vichy, antisémitisme, rafles Résumé en français Ce texte reprend et prolonge notre contribution au numéro de Provence Historique “ De Provence et d’ailleurs. Mélanges offerts à Noêl Coulet ”, (fasc. 195-196, janvier-juin 1999, p. 253-266).
Le Var apparaît peu dans les nombreux travaux publiés sur la situation des juifs entre 1940 et 1944. Il est pourtant au cœur d’une zone qui, elle, l’est souvent puisque les régions marseillaise et niçoise connaissent une présence juive importante et sont le cadre d'événements aussi spectaculaires que dramatiques - les rafles du Vieux Port d’un côté et celles de septembre 1943 à Nice de l’autre. Bien que situé entre les deux, bien que relevant de l’occupation italienne, le Var est bel et bien un département ordinaire dans un secteur qui ne l'est pas. Il y a là une situation paradoxale.
Qu’ils soient Français ou étrangers, les juifs résidant dans le Var avant-guerre ne constituent pas une minorité constituée. L’antisémitisme lui-même n’est que rarement ouvert. Des familles de commerçants ont pignon sur rue dans le centre de Toulon et sont insérées dans la bourgeoisie locale. Le département est aussi le lieu d’exil d’intellectuels allemands et autrichiens, juifs pour une large part, dans les années trente. La présence de ce milieu singulier, bien connu depuis les travaux de Jacques Grandjonc et de son équipe, n’a pas soulevé de problèmes particuliers jusqu’à la guerre. La xénophobie et le racisme s’exercent plutôt contre d’autres groupes, les Italiens ou les “indigènes” des colonies.
De nombreux réfugiés affluent au début de la guerre puis au moment de la débâcle. Alsaciens ou Parisiens en général, ils ne peuvent ou ne veulent retourner en France occupée. Beaucoup sont juifs. Appartenant souvent aux milieux les plus aisés et habitués à fréquenter la côte à la belle saison, ils s’installent dans leur résidence secondaire ou logent à l’hôtel. Ils peuvent être la cible de critiques à relents antisémites, en particulier dans les communes du littoral, Sainte-Maxime, Saint-Tropez ou Bandol. L’existence d’un antisémitisme “ordinaire”, xénophobe ou de classe, s'exprime ici par des mots, des rumeurs, dirigés contre les "étrangers", les riches, les bourgeois réfugiés, ceux qui ne vivent pas dans le même univers que les autochtones. Dans un contexte d’extrême pénurie et de désarroi, ils excitent assurément l'envie. Ces réactions, amplifiées par de petits noyaux d’extrême droite (les sections de la Légion des combattants qu’ils contrôlent, le PPF), servent aux nouveaux maîtres du pouvoir à justifier une surveillance particulière, les mesures d’exclusion et la propagande qui les accompagne. Mais les divers actes d’hostilité, les dénonciations, les articles des très réactionnaires hebdomadaires locaux et même les chroniques locales des journaux d’extrême droite (Gringoire, L’Emancipation nationale) visent d’abord les communistes, les élus socialistes, les francs-maçons et, globalement, les étrangers. Il en va de même avec les mesures administratives (internement, assignation à résidence).
Il est difficile de faire le bilan pr&e
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Le Var appara{\^i}t peu dans les nombreux travaux publi{\'e}s sur la situation des juifs entre 1940 et 1944. Il est pourtant au cœur d’une zone qui, elle, l’est souvent puisque les r{\'e}gions marseillaise et ni{\c c}oise connaissent une pr{\'e}sence juive importante et sont le cadre d'{\'e}v{\'e}nements aussi spectaculaires que dramatiques - les rafles du Vieux Port d’un c{\^o}t{\'e} et celles de septembre 1943 {\`a} Nice de l’autre. Bien que situ{\'e} entre les deux, bien que relevant de l’occupation italienne, le Var est bel et bien un d{\'e}partement ordinaire dans un secteur qui ne l'est pas. Il y a l{\`a} une situation paradoxale.
Qu’ils soient Fran{\c c}ais ou {\'e}trangers, les juifs r{\'e}sidant dans le Var avant-guerre ne constituent pas une minorit{\'e} constitu{\'e}e. L’antis{\'e}mitisme lui-m{\^e}me n’est que rarement ouvert. Des familles de commer{\c c}ants ont pignon sur rue dans le centre de Toulon et sont ins{\'e}r{\'e}es dans la bourgeoisie locale. Le d{\'e}partement est aussi le lieu d’exil d’intellectuels allemands et autrichiens, juifs pour une large part, dans les ann{\'e}es trente. La pr{\'e}sence de ce milieu singulier, bien connu depuis les travaux de Jacques Grandjonc et de son {\'e}quipe, n’a pas soulev{\'e} de probl{\`e}mes particuliers jusqu’{\`a} la guerre. La x{\'e}nophobie et le racisme s’exercent plut{\^o}t contre d’autres groupes, les Italiens ou les “indig{\`e}nes” des colonies.
De nombreux r{\'e}fugi{\'e}s affluent au d{\'e}but de la guerre puis au moment de la d{\'e}b{\^a}cle. Alsaciens ou Parisiens en g{\'e}n{\'e}ral, ils ne peuvent ou ne veulent retourner en France occup{\'e}e. Beaucoup sont juifs. Appartenant souvent aux milieux les plus ais{\'e}s et habitu{\'e}s {\`a} fr{\'e}quenter la c{\^o}te {\`a} la belle saison, ils s’installent dans leur r{\'e}sidence secondaire ou logent {\`a} l’h{\^o}tel. Ils peuvent {\^e}tre la cible de critiques {\`a} relents antis{\'e}mites, en particulier dans les communes du littoral, Sainte-Maxime, Saint-Tropez ou Bandol. L’existence d’un antis{\'e}mitisme “ordinaire”, x{\'e}nophobe ou de classe, s'exprime ici par des mots, des rumeurs, dirig{\'e}s contre les "{\'e}trangers", les riches, les bourgeois r{\'e}fugi{\'e}s, ceux qui ne vivent pas dans le m{\^e}me univers que les autochtones. Dans un contexte d’extr{\^e}me p{\'e}nurie et de d{\'e}sarroi, ils excitent assur{\'e}ment l'envie. Ces r{\'e}actions, amplifi{\'e}es par de petits noyaux d’extr{\^e}me droite (les sections de la L{\'e}gion des combattants qu’ils contr{\^o}lent, le PPF), servent aux nouveaux ma{\^i}tres du pouvoir {\`a} justifier une surveillance particuli{\`e}re, les mesures d’exclusion et la propagande qui les accompagne. Mais les divers actes d’hostilit{\'e}, les d{\'e}nonciations, les articles des tr{\`e}s r{\'e}actionnaires hebdomadaires locaux et m{\^e}me les chroniques locales des journaux d’extr{\^e}me droite (Gringoire, L’Emancipation nationale) visent d’abord les communistes, les {\'e}lus socialistes, les francs-ma{\c c}ons et, globalement, les {\'e}trangers. Il en va de m{\^e}me avec les mesures administratives (internement, assignation {\`a} r{\'e}sidence).
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