La première séance du groupe Façons d’être interrogera les usages des reliques des martyrs révolutionnaires dans le Royaume des Deux-Siciles de 1848 à 1860. Mettant en jeu les usages sociaux du corps mort, objet de mobilisations politiques, inscrite dans le registre des émotions protestataires, la communication de Pierre-Marie Delpu fera écho, à partir du terrain italien, à la question posée par E. Fureix dans son ouvrage La France des larmes (2009) : Comment lire le politique à travers le culte rendu aux héros et aux martyrs ?

 

Résumé de la communication :

Entre la révolution de 1848 et l’unification territoriale de l’Italie en 1860, le royaume des Deux-Siciles a vu s’accélérer l’implication du peuple dans la révolution, qui s’est appuyée sur l’investissement du religieux dans les émotions protestataires. La contestation du pouvoir monarchique des Bourbons, considéré comme une tyrannie, s’est ainsi nourrie de l’invention et le culte de figures de martyrs populaires laïques empruntés aux révoltes et aux révolutions récentes que le royaume a connues depuis la fin du XVIIIe siècle. En se concentrant sur le cas particulier des trois provinces de Calabre, les mieux représentées dans la documentation, on analysera en particulier les usages des reliques des martyrs révolutionnaires, qui ont été un outil de mobilisation politique déterminant.